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samedi 20 août 2011

Capital humain (1) : l’une des dernières ressources à volonté non suffisamment valorisée

Le monde des affaires est très largement guidé par la recherche intrinsèque de l’accumulation du capital (la création de valeur financière) et tous les arguments en faveur de la construction d’un monde axé sur le développement humain ont du mal à se faire entendre.

La crise économique et la nouvelle chute des marchés financiers démontre encore la course inconsidérée après le gain matériel, au dépend de l’épanouissement personnel et collectif. Il faut repenser le concept de prospérité et la place de l’éthique dans l’économie.


Dans une première partie, il est fait un bref constat de plus d’un siècle de capitalisme et du facteur humain dans l’économie.

Dans une deuxième partie, seront exposées quelques modalités de mise en application de principes éthiques dans les organisations, en vue d’une pleine contribution du capital humain au résultat de l’entreprise.


La nécessité du processus vital
D’un côté le créateur d’entreprise se fait prendre à son propre jeu de création de richesse, au risque parfois d’oublier que le capital humain est sa ressource l a plus précieuse. De leur côté, les salariés attendent parfois trop d’une entreprise : sécurité de l’emploi, conditions financières et avantages divers en augmentation constante. Il faut briser ce système, qui n’engendre que la rigidité, car salariés et actionnaires partagent de façon perpétuelle des objectifs opposés. Il faut engendrer un système économique basé sur la réciprocité des prestations, sur la notion de services rendu, et non de (soi-diante) création de valeur.

L’accumulation du capital trouve son origine dans la volonté de s’affranchir de la « nécessité du processus vital », thèse d’Hannah Arendt (*) selon laquelle l’homme est contraint de travailler pour satisfaire ses besoins physiologiques. De tout temps, l’homme a tenté de se soustraire à cette nécessité, en accumulant des biens. Vouloir s’affranchir de cette nécessité, c’est oublier que l’homme fait partie intégrante de la nature, et que celle-ci ne fonctionne que sur la base d’un processus perpétuel de renouvellement. Chaque saison revient chaque année, rien n’est fait une bonne fois pour toute.  L’homme ne peut s’extraire de ce phénomène cyclique, qui est le fondement-même de son existence.

Une ère capitaliste très prospère en terme de création de richesse
Si au cours du capitalisme du 20ème siècle, des progrès considérables ont été réalisés en matière de santé, sécurité et confort de vie, la persistance des systèmes économiques traditionnels que l’on rencontre encore dans les pays d’Afrique, par exemple, tendrait à prouver qu’ils parviennent à réaliser un juste équilibre entre bien-être individuel et collectif. Ces systèmes se caractérisent par une absence d’indusie au sens occidental du terme, i .e. d’activités basées sur ces normes de travail et de productivité bien précises.

Il semblerait qu’à l’origine de la frustration constatée chez l’homme d’aujourd’hui, se trouve l’avènement du travail à la chaîne (dans un souci constant de recherche de la productivité) ,et de tout ce qui s’y apparente, i.e. tous les travaux remplissant les 3 caractéristiques suivantes :

-         réalisation de tâches répétitives s’insérant dans un processus renouvelé en permanence tout au long de la journée

-         performance de l’exécutant mesurée sur base de sa productivité, et non de sa créativité

-         activités qui pourraient facilement faire l’objet d’une automatisation, si l’homme se donnait les moyens de concevoir les machines adéquates.


Les secteurs d’activité concernés sont nombreux ; textile (tissage, couture …) ; constructions de biens d’équipement (auto, machines, matériel électronique …) ; industrie agro-alimentaire (conserveries, plats préparés, …) : services (tâches d’encodage, caisses de supermarché, travail de chargement/déchargement, conduite de rain.

Eu égard aux capacités prodigieuses du cerveau humain, il paraît de moins en moins acceptable que la réalisation de tâches ne laissant pat à aucune créativité, ni initiative personnelle – soit malheureusement le quotidien de certaines personnes tout au long de leur vie – soit encore une pratique courante.

Soutenir que certaines personnes se satisfont de cette situation et ne demande rien de plus est un argument facile pour taire le problème. Semblable à un muscle, le cerveau humain réclame un stimulus pour se mettre en activité.


C’est sur le plan humain, que le plus gros reste à faire …
Depuis le 18ème siècle (la période des Lumières), la science a prodigieusement progressé. S’il reste aujourd’hui encore une multitude de phénomènes ou procédés à découvrir (que ce soit en médecine, astronomie, biotechnologie , etc …), il faut admettre que l’homme a aujourd’hui les connaissances suffisantes pour bien vivre. L’aventure spatiale, la miniaturisation des outils de communication, les OGMs ne sont a priori pas des domaines de recherche vitaux pour la pérennité de l’espère humaine.

A l’opposé, les sciences humaines et sociales accusent un retard considérable par rapport aux disciplines scientifiques et techniques (appelés sciences dures). Pour preuve, l’incompréhension des peuples entre eux, les difficultés à motiver les salariés dans l’entreprise, la complexité du travail en équipe, les situations de plus en plus fréquentes de marginalisation. Si le comportement humain reste un mystère (au même titre que celui de la plupart des êtres vivants, en raison de son éminente complexité, la marge de progrès est quand même importante.


Dans le modèle capitaliste, l’homme est d’abord une force de travail, un « outil », comme le cite Anna Arendt. Dans le processus d’accumulation de richesse, il ne peut être fait de sentiment sur la force de travail. Il y a donc un conflit permanent entre le management et la base. Tous les efforts pour masquer cet état de fait (gestion de carrières, primes, …) ne sont bien souvent que des subterfuges. Ils correspondent rarement à une volonté délibérée d’épanouissement de la personne.

Cette mission est principalement dévolue à la religion et aux organismes caritatifs. Comme tous les autres systèmes qui lui ont précédé (le féodalisme, les empires …), le capitalisme dans sa forme actuelle est probablement voué à disparaître, car il a échoué sur le volet humain. Il n’a pas recueilli l’adhésion de la masse, et est donc dans une position précaire permanente.

Le seul système économique qui perdurera sera celui qui placera l’homme en son centre.



(*) Se référer à son oeuvre de philosophie fondamentale intitulée "La condition de l'homme moderne" (1957)

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