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vendredi 17 juin 2011

RSE : améliorer la performance de l’entreprise avant tout

Lors de l’After-work du Paperjam Business Club à la Chambre de Commerce de Luxembourg, le 16 juin 2011, le sujet traité concernait la mise en application concrète d’une politique RSE (Responsabilité Sociale de l’Entreprise). Il existe des normes et référentiels nationaux et internationaux qui permettent de guider la démarche.
Quelle importance doit-on leur accorder ? Apportent-ils une réponse à toutes les questions qui soulève la RSE ?


Un concept nouveau pour des préoccupations de toujours

Introduction marquante de Michel Capron,  professeur en sciences de gestion aux universités de Paris et grand spécialiste de la RSE, qui affirme (après 15 années de travail sur la question) que « la RSE est un sujet de plus en plus confus » … « parce que très évolutif ». Il fut un temps où il suffisait qu’une entreprise fasse quelques bonnes actions philanthropiques, pour qu’elle soit reconnue comme étant socialement responsable.

Aujourd’hui, la norme ISO 26000 – référence internationale en matière de RSE – dont l’orateur a compté parmi les représentants de la délégation française durant les 5 années d’élaboration (2005 -2010) couvre 7 thématiques allant de l’écologie aux droits de l’homme. Le sujet s’est donc considérablement diversifié, ce qui démontre la prise de  conscience sociale et environnementale grandissante dans la société.

Ce sentiment optimiste pourrait être un peu tempéré, si l’on considère – comme le précise Michel Capron – que ISO 26000 ne fait que s’appuyer sur des textes internationaux déjà existants (entre 130 et 140 environ), dont par exemple 58 textes venant seulement de l’Organisation Internationale du Travail. Cette norme est donc remarquable, plus du point de vue pédagogique que pour sa créativité en elle-même. Elle offre un véritable cadre normatif sur lequel les organisations peuvent utilement s’appuyer pour développer leur politique RSE.

Il faut par ailleurs souligner le label luxembourgeois ESR (*) , qui mérite également une attention particulière pour l’ampleur de sa couverture, matérialisée par 500 questions soumises à l’entreprise.


Normes et labels : pas une finalité

L’erreur serait de considérer que l’obtention d’un label ou tout simplement la conformité à une norme représentent un aboutissement, une finalité. Ils ne sont que des outils mis à disposition de toute organisation désireuse de mesurer sa progression dans une démarche qui n’est et ne sera par essence jamais terminée. Par principe, le champ de la responsabilité sociale n’a pas de limite unanimement et irrémédiablement fixée. Peut-être, est-ce une des principales difficultés à la compréhension du concept de RSE, mis au grand jour dans les années ’90. Il n’existe pas de modèle immuable, ni de théorie universelle sur la RSE. Il n’est pas possible de la modéliser par des équations mathématiques. Il n’y a pas de pratiques réplicables rigoureusement à l’identique, d’une entreprise à l’autre. Elle ne peut se construire qu’autour des valeurs de l’organisation, de son histoire et de sa culture. La RSE est donc par définition un processus particulier (non standard) à chaque organisation.

Pascale Marchal-Grivaud, fondatrice du cabinet Agir Anticiper Durablement (lui-même certifié ESR par l’INDR), a insisté sur le fait que « la RSE est source d’innovation ». Elle incite l’entreprise à se remettre en question, et donc à accepter d’évoluer de son plein gré. Elle s’inscrit dans l’action et non la réaction. L’application d’une démarche RSE joue un rôle de miroir qui permet à l’entreprise de voir son positionnement dans son environnement économique. Nécessairement, elle incite l’entreprise à réfléchir et donc à réagir, ce qui peut conduire parfois à adapter son offre de produits et services. Il en résulte que l’entreprise est finalement beaucoup plus a l’écoute de son marché. Mme Marchal-Grivaud rajoute que la RSE est complémentaire d’une approche « qualité ». Cette dernière n’est-elle pas une obsession chez toute entreprise qui cherche à consolider sa pérennité ?


Démystifier l’approche

Quid du coût de la démarche RSE ? Il s’agit bien entendu de la question venant au bout de toute discussion sur ce sujet. Karin Schintgen, en charge des Relations Extérieures chez BGL BNP Paribas (entreprise également certifiée ESR par l’INDR) a apporté une réponse très pragmatique : le défi principal est de « coordonner des initiatives RH (NDLR : Ressources Humaines) et du domaine des Facilities (NDLR : gestion des ressources matérielles de l’entreprise, tels que la consommation des bâtiments) ». Il peut être également inclus dans la démarche des départements tels que le développement-produits ou le marketing. Selon Mme Schintgen « la RSE n’est pas très onéreuse », dans le sens où il est généralement possible de trouver au sein-même de l’organisation les compétences nécessaires pour mettre en œuvre cette coordination. Témoignage sur base de l’expérience.

En résumé, une démarche RSE se caractérise par sa transversalité. Elle ne fait pas appel à des compétences techniques particulières, mais par contre à des capacités d’animation et de coordination de stakeholders internes à l’entreprise. Pour être efficace et apporter une réelle plus-value en terme de compétitivité -  question suivante à celle du prix – elle doit pénétrer le cœur du fonctionnement de l’entreprise. Ce qui signifie qu’une implication préalable du top-management est absolument nécessaire. Une approche superficielle ne produira aucun résultat, seulement un impact positif éphémère en terme d’image … et puis beaucoup de déception en interne comme en externe. Stratégistes à court terme : s’abstenir !

(*) le label ESR (Entreprise Socialement Responsable) a été créé par l'INDR (Institut National pour le Développement Durable et la Responsabilité Sociale des Entreprises).
Voir : http://www.indr.lu/