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dimanche 20 décembre 2009

Microfinance : pas une fin en soi ...

Depuis le début de l'année, la chronique fait régulièrement état d'institutions de microfinance connaissant une recrudescence de défauts de paiement, et de fonds d'investissement accusant pour la première fois une performance moindre, voire négative.
On commence même à annoncer que la fameuse décorrélation de la microfinance par rapport à l'économie "mainstream" a atteint ces limites.

Il me semble que ce n'est que le début ...

Sur base de mes expériences terrain, j'en arrive de plus en plus à la conclusion que rentabiliser la microfinance est quasiment impossible. Il faut concevoir la microfinance comme une phase d'incubation. Une fois qu'elle devient rentable, ce n'est déjà presque plus de la microfinance, mais tout simplement de la finance conventionnelle (street bank). Je n'ai pas de problème à cela, si cette dernière garde l'esprit ("l'éthique" originelle, dirions-nous) de la microfinance.

En conclusion, la microfinance ne devrait pas être conçue comme une finalité en soi, mais comme un vecteur de moralisation de la finance.

Par ailleurs, la microfinance apparaît comme la découverte de ces 30 dernières années, alors que ce n'est rien de plus que le phénomène de bancarisation que nous avons connu dans la 2ème moitié du 19ème siècle en Europe avec l'avènement des banques mutualistes. De la "bonne vieille" finance dans un esprit solidaire orientée vers la collecte de l'épargne et la distribution de crédits pour le financement d'activités commerciales et de production.
La communauté financière a tout simplement oublié quel est le métier de base d'une banque.

dimanche 13 décembre 2009

Du bien-fondé de la microfinance ... en passant par le Laos

Vietiane, Laos - June '09













14 Juin 2009 : venons (23h00 heure locale) d'arriver à Vientiane ... ville fantôme, pas ou très peu de lumière dans les rues. Il y a quelques petits restaurants ou magasins ouverts. Rien à voir avec la fièvre du Vietnam. Ici, il y a probablement 10 ou 15 ans de retard. Les voitures sont peu nombreuses. On est pourtant dans la capitale administrative et économique du pays !!
J'ai lu sur Internet des commentaires de personnes habituées de cette ville, qui la qualifiait de "sleepiest town of the world". Je ne parviens à m'enlever cette expression de ma tête.

Le pauvre Van Ban est un peu épuisé par la chaleur. Je dirais que c'est la même chose pour moi. Si je m'asseois 5 min., je m'endors.
A ce sujet, Vientiane est définitivement une ville sans intérêt : ce n'est pas plus grand qu'une bourgade de campagne. Presque tout est fermé à partir de 19 heures. Il n'y a aucune mendicité dans la rue, mais cette ville ne respire pas non plus le dynamisme. Elle est vraiment endormie.

Nous avons dîné ce soir avec un représentant de la microfinance au Laos, un Hollandais. Il nous a dépeint - ... un peu par provocation selon Van Ban ... - un tableau noir de la microfinance, disant que les gens n'ont pas besoin de crédit, mais d'assistance technique. Ce qu'il entend pas assistance technique : conseil en élevage, en agriculture, formation, éducation. Très bien ! Je lui ai dit : c'est parfait, cela veut dire que Aide au Vietnam fait donc de la microfinance depuis son origine. Je ne savais pas !
En fait, je pense qu'il est irrité par les gens venant d'Europe (comme moi, a-t'il certainement pensé !) avec la ferme intention de sauver le sort des populations pauvres par l'octroi de crédit, alors qu'elles n'en ont pas nécessairement besoin. Je lui ai quand même rappelé que j'en étais bien conscient, et c'est pourquoi la part que j'entends consacrer au microcrédit ne se monte qu'à 6.000 € pour le moment.
Bref un peu curieux le garçon, ... qui m'était recommandé par une personne d'ADA Luxembourg qui le connaît bien. Néanmoins, très intéressant sur le principe. Il confirme mon idée que le projet Chi-Em se rapproche plus d'un projet d'assistance communautaire (à la façon de Bernard Kervyn, Mékong Plus), que d'un projet de microfinance, comme on l'entend usuellement.
Il est clair qu'il y a une très forte déformation du terme, et mes réunions à l'ALFI en sont la caricature : pour tous les financiers de la place de Lxbg (et pas seulement eux d'ailleurs), la microfinance est du micro-crédit pour l'essentiel. Je pense que le concept de microfinance n'est pas encore compris. La microfinance au sens complet du terme est de l'assistance communautaire.
En conclusion, cette rencontre fut quand même très intéressante et instructive. Van Ban était également très satisfait. Après avoir compris tout cela (qui est un sujet nouveau pour lui), je pense qu'il apportera une valeur ajoutée certaine, lors de la visite de Chi-Em. Plus nous sommes nombreux, mieux nous pourrons croiser nos points de vue.

D'une manière générale, le Laos est vraiment pauvre. Le point de vue asiatique de Van Ban est intéressant. Il voit les choses de façon un peu différente de nous. Lorsque je lui ai dis : « je me demande bien de quoi tous ces gens vivront lorsqu’ils seront à la retraite », il m’a répondu : « mais Xavier, c’est comme s’ils étaient déjà à la retraite. Que veux-tu qu’ils attendent de plus ? Ils en profitent déjà ». Déroutant, sa réponse, entendue d’une oreille d’Occidental ! Son analyse mérite d’être interprétée, nous qui ne voyons jamais de répit au temps qui défile …

Le 16 et 17 Juin, 2 jours "touristiques" à Luang Prabang, ancienne capitale du pays (le "Hué" laotien !). Van ban a organisé une visite dans un orphelinat, sur les conseils et contacts de Laotiens "genevois". Toujours intéressant ...
Le 18 Juin, arrivée à Hanoï où l'on retrouve Benjamin et la "petite" Ly (qui sort juste de l'hôpital, après une chute en moto ... rien d'étonnant me diras-tu ! ... heureusement, elle se porte apparemment bien). A partir de là, la cadence du séjour s'accélère ... Nous tombons dans l’Asie du Sud-Est qui surchauffe 24h/24 !