Warning :

Reprinting material from this website without written consent from the author is a violation of international copyright law. To secure permission, please contact : homanity@gmail.com


Rechercher dans ce blog

mercredi 6 octobre 2010

A l’heure de la crise, quel nouveau relais de croissance pour les acteurs de l’économie sociale (associations, coopératives …) ?


Impact Financing, Venture Philanthropy, Employee Volunteering Programmes (voir exemple concret), …

Rappel de quelques concepts en vogue pour lever des fonds.







La pensée économique mise à l’épreuve
Il faudrait se passer de tout discours alarmiste, au sujet des impacts de la crise sur le secteur de l’économie sociale – même si celui-ci a directement souffert – car la période actuelle semble avoir suscité une réflexion chez les investisseurs fortunés, sur l’opportunité de placer une part (très marginale) de leurs avoirs dans ce secteur.

Il ne faudrait pas non plus s’imaginer que le monde va subitement changer, car les processus sont lents … mais ils sont là. Il semble ressortir de cette crise que la pensée occidentale, largement façonnée par la philosophie des Lumières, ne persévéra plus comme le modèle indiscutablement dominant sur la planète. Il est temps que d’autres courants de pensée viennent également ajouter leur contribution au développement de l’humanité toute entière.

L’économie de marché, telle qu’inspirée par le modèle occidental, n’est pas à jeter définitivement aux archives. Le principe de la concurrence entre acteurs, de la réalisation d’un profit ou encore le maintien de la propriété privée me semble important, ce qui ne veut pas dire qu’il ne soit pas nécessaire de procéder à quelques ajustements éventuels. Ces trois critères sont parmi les ingrédients qui garantissent l’initiative et l’émulation personnelle. Il faut seulement mettre les limites nécessaires, ou plutôt réorienter l’action individuelle vers une forme de prospérité sociale garantissant le bien commun.

Beaux jours pour l’économie sociale
Les voix s’élèvent dans les milieux économiques et politiques pour parler d’une réorientation de l’investissement vers les besoins de l’économie réelle. Un retour à plus de raison, ce qui signifie donc de façon indirecte à plus de valeurs.

C’est donc une aubaine pour l’économie sociale, qui par définition, se bat pour insuffler un vent d’humanisme dans les structures et modes de fonctionnement de nos sociétés. Ce monde de l’ombre se classe parmi les seuls acteurs en lien direct avec les populations et donc le marché sous sa forme la plus concrète, et ses réels besoins fondamentaux.

La période actuelle lui offre l’opportunité de se faire mieux connaître, notamment de défendre sa vision. Le secteur de l’économie sociale doit cependant accepter d’évoluer, sans craindre de perdre son identité. Aujourd’hui, beaucoup plus qu’hier, le monde économique est prêt à entendre des théories qu’il n’aurait jamais accepté de discuter il y a 3 ou 4 ans, tout simplement parce qu’il ne considérait pas le besoin de se remettre en cause, comme étant un élément déterminant. Les consommateurs ont largement eu l’occasion de s’exprimer par tous les moyens multimedia disponibles et les entreprises sont devenues plus réceptives.

En retour, le secteur de l’économie sociale devra globalement élever encore son niveau de professionnalisme plus élevé, afin d’accroître son impact. La bonne volonté et le bénévolat ne suffisent plus pour construire un monde plus juste. Il faudra continuer à véhiculer de l’émotion, mais en insufflant à la fois des méthodes de travail. J’ose croire en un modèle de firme hybride entre l’association ou la coopérative ouvrière et l’entreprise classique … c’est-à-dire une structure générant du profit pour ces actionnaires, mais œuvrant avec une vision long terme. Et nous savons qu’il n’y a pas de long terme sans patience et sans prise en considération de l’impact social et environnemental.

Aider l’investisseur à trouver le bon placement
N’est-ce pas justement ce qui a manqué durant la croissance économique d’avant cette dernière crise ? Quelque soit la période, l’épargnant est toujours là. On peut s’attendre à une réallocation non négligeable de fonds vers des produits à dimension plus responsable, que l’on range dans la catégorie de l’Impact Financing : des investissements abandonnant un peu de performance financière en échange d’une performance sociale mesurable. Une philosophie qui pourrait remplacer demain le traditionnel livret d’épargne. Des produits existent déjà : les fonds solidaires (OPC) ; le livret d’épargne solidaire de la BCEE/etika à Luxembourg ; certains placements de type private-equity.

Plus généralement, il existe une opportunité de partenariat, avec le secteur financier notamment, pour diriger des fonds vers des projets d’activités durables. Ces derniers devraient être gérés suivant le modèle de private equity : une association ou une coopérative se positionne comme apporteur de projets ; un ou des investisseurs institutionnels financent ; un suivi opérationnel et technique est assuré à faible coût au travers d’une base de bénévoles prêts à mettre à profit leurs compétences professionnelles au service d’une cause sociale (ce qui ne grève pas la rentabilité financière du projet). La population de bénévoles peut provenir soit d’une plate-forme de compétences externe, soit d’un appel à volontariat au sein d’une entreprise-sponsor.

Cette forme de sponsoring répond au concept d’Employee Volunteering Programme. S’il est bien gouverné, ce type de programme procure des bénéfices nombreux :

Tout d’abord sur le terrain,
1) il apporte en premier lieu des compétences dont l’entreprise-cible ne dispose pas nécessairement en interne

Ensuite chez le sponsor,
2) il contribue à renforcer l’identité interne et la culture d’entreprise (et donc la cohésion du personnel autour de valeurs communes
3) il est un vecteur idéal de communication et d’image vers l’extérieur. Qui pourrait s’indigner d’une entreprise encourageant ses employés à mettre bénévolement au service des autres leurs compétence professionnelles, dès l’instant que cela ne nuit pas à son activité ?
4) il diffuse de manière imperceptible parmi les bénévoles une autre manière de voir le monde, ce qui alimente le processus de changement de l’économie dans son ensemble

Enfin en dernier lieu,
5) la particularité d’un projet techniquement soutenu par une équipe de bénévoles d’un bon niveau de compétences peut entraîner un mouvement de sympathie, conduisant des investisseurs à vouloir s’engager.

Autre levier pour lever des fonds en faveur de l’économie sociale : la Venture Philanthropy. Celle-ci est inspirée par la nouvelle génération de philanthropes (façon Bill Gates), qui par curiosité, passion ou souci d’efficacité, souhaitent eux-mêmes s’impliquer dans la gestion du projet qu’ils soutiennent. La situation n’est pas toujours très facile à gérer, car au nom de son implication financière dans le projet, l’investisseur se donne le droit d’émettre des avis sur le fonctionnement. Il se sent d’autant plus à l’aise, que sa démarche est purement philanthropique. Le soutien ici est normalement du don pur et simple. D’une manière générale, le don ne doit pas être négligé dans le secteur de l’économie sociale, notamment dans les phases de démarrage d’activité. Il permet généralement soit de financer du matériel d‘exploitation, soit de couvrir les besoins de fonds de roulement.

L’économie sociale a l’avantage de la proximité. Il n’est pas nécessaire de voyager à l’autre bout de la planète, pour générer de l’impact social. En soutenant une activité locale, il est plus facile de se déplacer pour voir les résultats concrets de sa générosité.

"Tell a story ..."
Les possibilités de soutien de l’économie sociale sont donc variées. Il est essentiellement question de communication, afin d’une part de faire connaître les opportunités existantes dans ce domaine, mais peut-être encore plus … afin d’assurer la diffusion au plus grand nombre des résultats obtenus sur le terrain. Dans une phase d’incertitude telle que celle d’aujourd’hui, l’investisseur est demandeur d’émotion, de sens, d’affirmation de soi … bref, il recherche des valeurs inaltérables, dont l’économie « mainstream » a dû partiellement s’affranchir au fil du temps pour croître avec le moins possible d’obstacles devant elle.

Le sentiment d’humanité reste ontologique. Que le secteur de l’économie sociale exploite ce filon, sans faire de charité, mais au contraire dans une optique d’investisseur !