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vendredi 19 mars 2010

Il faut sauver le SRI !

DOMINI Social Investments - US
Le SRI (socially responsible investment) a connu un développement sans précédent depuis 10 ans. De plus en plus de fonds d'investissement se prétendent SRI. L'évolution est similaire à celle de l'agriculture biologique : chacun peut aujourd'hui s'autodéclarer SRI. On entrevoit dès lors le risque d'abus.
La question se pose donc d'un labelling SRI. Mais attention, l'exercice est délicat : on ne pourra faire l'impasse sur une définition de la responsabilité en économie, si l'on veut un label vraiment crédible. Toute la question est là !


Le SRI aujourd’hui est menacé par sa banalisation. Pour information, +/- 90 % des 500 premières capitalisations (boursières) mondiales sont sélectionnées par les fonds SRI … ce qui laisserait croire que l’économie mondiale est donc socialement responsable ! Le SRI a tendance de plus en plus à se confondre avec l’investissement « mainstream », et à perdre en conséquence, sa particularité.

Un label SRI ne se justifie que s’il défend une particularité, par rapport à une situation générale. Si le SRI se généralise comme il a tendance à le devenir, alors il n’y a plus d’intérêt à le labelliser … sauf à redéfinir le concept SRI.

Une des raisons, à mon sens, pour laquelle le concept SRI s’est autant « démocratisé » au cours de ces 10 dernières années, est que la véritable question (philosophique) de la responsabilité – qui est pourtant le sous-jacent de la démarche SRI – a été écartée, ou plutôt rendue la moins contraignante possible. La porte a donc été ouverte à tous les acteurs ayant détecté l’opportunité d'un instant pour surfer sur une nouvelle vague, une nouvelle tendance.
Si l’on se réfère aux grands auteurs depuis la Grèce antique (tels Platon), jusqu’aux contemporains (tels Lévinas) en passant par Kant, on sait que la responsabilité engage des choix contraignants, difficilement compatibles avec une logique de maximisation du bien-être individuel, sur laquelle se base la théorie économique contemporaine dominante. Sans oublier les grandes religions, qui elles aussi ont fixé des limites au revenu du capital, justement pour prévenir une dérive malsaine et préjudiciable à la communauté.

Tout n’est pas noir, tout n’est pas blanc. Je défends l’approche « Best in class », car il faut privilégier à mon sens une dynamique de progrès, d’amélioration permanente. L’état de perfection n’existe pas, mais on peut certainement s’en approcher.
Une approche « Best in class » incluant un relèvement sérieux des critères d’évaluation me semble tout-à-fait pertinente. Savoir qu’aujourd’hui +/- 90 % des 500 premières capitalisations (boursières) mondiales sont sélectionnées par les fonds SRI ne me satisfait pas, car je n’ai pas l’impression que de réels progrès aient été réalisés sur le plan social et environnemental sur les 20 ou 30 dernières années (les droits sociaux et des travailleurs se sont certes améliorés, mais on voit aussi apparaître de nouveaux problèmes, liés au stress par exemple ; du côté environnemental, la déforestation reste toujours aussi frénétique, et les émissions de gaz à effet de serre n’ont pas ralenti, bien au contraire).

En conclusion, oui pour un label SRI, mais avec des critères d’exigence assez élevés, afin de séparer le vrai SRI du faux SRI. Il en va de la crédibilité du concept, de sa survie.
Pour définir le niveau d’exigence des critères, on ne pourra malheureusement pas échapper à la recherche d’une définition de la responsabilité en économie. Il y a déjà ici un gros travail pour trouver une définition acceptable par le plus grand nombre. Il y a – à n’en pas douter – une masse importante d’études universitaires sur le sujet.

Cette définition de la responsabilité est le socle, le fondement sur lequel on pourra commencer à définir les critères sociaux et environnementaux pertinents, et leur niveau d’exigence respectifs à atteindre pour prétendre être « SRI compliant »

2 commentaires:

  1. Voici une citation du Père Louis-Joseph Lebret sur le capitalisme ("Lettre aux Américains", 1947):

    « la structure capitaliste investit en vue du profit capitaliste, non en vue des besoins du monde. Le capitalisme met en valeur à son profit... En somme, il faut opérer un renversement de la vision capitaliste pour atteindre une vision humaniste ».

    Lebret était dominicain. Il a, avec l'économiste François Perroux, inspiré l'encyclique "Populorum Progression", de Paul VI.

    Pour plus de détails, voir ce lien : http://catholique-rennes.cef.fr/?Populorum-progressio-fruit-de

    Christian Descoups

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  2. Très bonne remarque... Elle me fait penser à l'expression du philosophe contemporain De Conte-Sponville : le capitalisme est-il moral ?
    De Conte-Sponville répond par l'affirmative, mais son argumentation me laisse peu indécis.

    Le Christian Index s'est-il posé cette question, car à l'évidence les titres composant cet index sont pour l'essentiel des multinationales dont on ne peut nier l'approche capitaliste.

    Il est nécessaire de construire un modèle ne tuant pas l'initiative privée, primordial pour la réalisation de soi, et tenant compte à la fois du bien commun. Autrement dit, penser à soi, sans oublier (pour ne pas dire ignorer) les autres ...

    Xavier

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