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jeudi 19 mars 2009

Chaque crise devrait être l’occasion d’un questionnement individuel. Idem en matière d’investissement

Le Penseur - Rodin

En cette période de turbulences économiques, on lit fréquemment dans la presse des articles mettant en cause les défauts des gouvernements dans la prévention et la gestion des crises.
C’est à mon sens oublier cependant que nos gouvernements ne sont que les représentants … du peuple.


Promouvoir un modèle économique soutenable, s’appuyant sur une consommation plus modérée et de meilleure qualité, pour mieux respecter l’environnement et sur un système financier mieux orienté vers l’économie réelle, ne peut se construire sans l’aval de la population. Quel gouvernement a bâti sa campagne électorale sur ce genre de message ? Aucun à ma connaissance, pour deux raisons :

1) le citoyen lambda est encore à ce jour majoritairement incapable de formuler clairement ses attentes en matière de durabilité, car il n’a tout simplement pas d’idées des pré requis et conditions d’un système économique durable. Un gros travail d’éducation serait à faire afin que chacun prenne d’abord conscience de l’inter-dépendance entre ses actes et comportements basiques de la vie quotidienne. Par exemple, nombre de personnes se déclare sensible à la problématique du changement climatique, mais ne change pas pour autant ses pratiques sur le plan des transports et de la mobilité.
2) Pour se faire élire, les gouvernements ont besoin de l’appui de personnes d’influence, donc ayant du pouvoir. Généralement, il s’agit d’acteurs importants de la vie économique, ayant bâti leur puissance sur les fondements-même des éléments actuellement remis en cause dans le système capitaliste : maximisation des profits, vision à court terme, intérêt relatif pour tous les sujets pouvant être un obstacle à la croissance économique (problématique sociales et environnementales notamment). Prôner une nouvelle économie remettant en cause certains principes de base ayant fait le succès des principaux sponsors des partis politiques serait particulièrement périlleux. Il s’agirait même d’une trahison fatale, qu’aucun ne se risquerait à faire.

De ce point de vue, les gouvernements sont dans l’impasse. Ils ne font que reproduire les attentes (ou tout du moins l’indétermination) de leur électorat – i.e. nous-mêmes – sur ces questions.
Car il ne faut pas se voiler la face : mettre un terme au système néo-libéral d’hier, en partie responsable de la crise d’aujourd’hui, c’est soutenir implicitement la thèse d’un Muhamad Yunus, pour ne citer que lui. Bangladeshi de nationalité, donc issu d’une autre civilisation, dont la pensée occidentale née des Lumières est étrangère (même s’il a eu l’occasion d’étudier aux Etats-Unis), Mr Yunus défend des valeurs de solidarité, d’humanisme, d’altruisme et de bonheur largement éloignées du contenu de nos manuels scolaires, de la culture de nos entreprises, des discours de nos gouvernements, des conversations de bistrot et des réunions de famille. Seule l’Eglise dans nos régions joue par essence pleinement dans ce registre, avec le relatif succès que l’on connaît.
Il est clair que l’on ne casse pas un système entier du jour au lendemain, mais il me semble que peu d’entre nous ont conscience de ce qu’entraînerait une remise à plat du système actuel, tel que tout le monde dit le souhaiter.
Je ne pense pas qu’il y ait de demi-mesures possibles en matière de réforme d’un système économique : soit celui-ci donne la priorité au bien-être individuel, soit il met l’accent sur le bien-être collectif. S’il tente un compromis entre les deux, il dérivera indubitablement vers le premier, car les vieilles recettes existent déjà, alors qu’il faut les créer entièrement dans le cas d’une politique tournée vers l’expression des besoins collectifs … sauf à s’inspirer de certaines pratiques en vigueur dans certaines civilisations (en Afrique, Océanie, …) trop hâtivement qualifiées d’arriérées.

La pierre angulaire du changement, que chacun appelle de ses vœux, se trouve donc ici. Rejeter la faute aux gouvernements est une façon de se déresponsabiliser d’une question, d’un enjeu qui est hautement personnel. Une sortie durable de crise ne peut se trouver que via une introspection d’abord personnelle, puis ensuite collective : comment définissons-nous un monde meilleur ? Suivant quels critères ? En fin de compte, quelle définition donnons-nous au bonheur ? Ces questions ne sont pas nouvelles, preuve de leur profondeur ontologique.
A moins qu’un subit éveil des consciences individuelles ne se manifeste, il est fort à parier que cette crise ne sera pas la dernière. Je ne m’aventurerai pas ici dans des conseils en matière d’investissement. Néanmoins, pour qui souhaite investir en actions et obligations, autant privilégier dans ce cas une sélection d’entreprises répondant le mieux aux critères ESG (Environment, Social, Governance). Soit en investissant en ligne directe, soit au travers de fonds SRI (Socially Responsible Investment). L’offre ne manque pas.

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